~~ Approfondir la méditation ~~Mettre le corps en retraite n'est pas compliqué, il suffit de trouver un lieu solitaire, de s'y poser et d'y rester. C'est moins facile pour l'esprit car celui-ci n'est pas libre de l'agitation intérieure et il est nécessaire de le maîtriser, de le contrôler. Mais dès l'instant où l'esprit est contrôlé, il est comme en retraite, même si le corps est au milieu d'une ville agitée. De plus, il ne suffit pas de ne plus être dépendant des activités mondaines, il s'agit aussi d'être libre des doutes et des hésitations quant à notre capacité de mener la méditation à son terme. Notre inquiétude à ce sujet peut se révéler être un obstacle à tout progrès vers la stabilité.
Quand nous essayons de méditer, tout au début, l'esprit est extrêmement agité, exactement comme un cours d'eau bouillonnant. La première étape consiste à calmer l'esprit. Une fois cette pacification accomplie, nous pouvons être conscients de la pensée dès qu'elle s'élève.
La méditation devient plus facile et plus intéressante. En perdant les références ordinaires du temps et de l'espace, le corps et l'esprit sont à l'aise; c'est le moment aussi où apparaît l'attachement à la méditation. L'esprit est clair, brillant et lucide, et le corps léger. Il est nécessaire alors de trancher l'attachement à toutes ces expériences et de passer à la méditation de Ihaktong. Mais au début, lors de la pacification de l'esprit, nous amenons l'esprit à se poser sur quelque chose, quel que soit l'objet de référence. Pour centrer l'esprit sur un objet sans être distrait, il existe de nombreuses méthodes; trois d'entre elles, les plus connues dans les différentes écoles du bouddhisme, sont particulièrement bénéfiques. La première prend comme support la respiration, la seconde le corps du Bouddha et la troisième s'appuie sur l'enseignement de l'entraînement de l'esprit.
La respiration comme supportSi nous prenons comme support le mouvement de la respiration, la méditation peut devenir ennuyeuse et sans intérêt après un certain temps passé à être attentif à l'expiration et à l'inspiration. Aussi pouvons-nous nous appuyer sur les six habiletés qui nous aident à obtenir le résultat de la pratique méditative.
Cette méthode consiste à compter le cycle des respirations: chaque cycle, de l'inspiration à l'expiration suivante, compte pour un. Le propos de cette méditation est d'arriver à prendre conscience des pensées les plus grossières, de suivre la respiration, et de poser progressivement l'esprit. Au début nous méditons pendant un temps assez court, par exemple sept cycles de respiration. Progressivement, cela devient plus facile et nous pourrons aller jusqu'à vingt et un. L'esprit devient de plus en plus souple et il ne se laisse plus emporter par les distractions, ce qui représente la première habileté. Lorsque nous arrivons à méditer jusqu'à mille cycles de respiration, cette maîtrise s'est approfondie, l'esprit est paisible, il n'y a plus d'agitation, plus de pensées fortes: c'est la deuxième habileté. A partir de trois ou quatre mille cycles, l'esprit commence vraiment à se stabiliser et une véritable clarté de l'esprit s'élève. Quand nous sommes capables de poser l'esprit de manière continue sur le mouvement de la respiration, il s'agit de la troisième habileté.
Si nous le désirons, nous pouvons effectuer une visualisation durant cette méditation. Lorsque nous expirons, nous imaginons qu'un rayon de lumière blanche comme du cristal, clair et transparent, apparaît à l'extérieur devant nous. Au moment de l'inspire, ce même rayon de lumière va rentrer et descendre à l'intérieur de nous-même jusqu'au niveau du nombril. Le propos de cette méthode est de rendre la méditation plus aisée et de dissiper la distraction en favorisant une plus grande clarté de l'esprit. La quatrième habileté est plus subtile car nous atteignons la maîtrise de la méthode, il n 'y a plus de saisie réaliste sur la visualisation de la lumière blanche par exemple. Nous acquérons une perception plus subtile du support, nous expérimentons sa nature vide.
La cinquième habileté, encore plus subtile, est appelée le niveau de la transformation parce qu'il n'y a plus du tout de saisie sur le support et la méthode; nous réalisons la nature illusoire des choses, nous pouvons transformer notre perception et jouer avec. La sixième habileté correspond au moment ultime de cette méditation qui est alors complètement pure car la dualité entre l'esprit et l'objet est dissipée, le mouvement de la respiration est perçu comme étant de la nature de l'esprit lui-même. Les trois premières habiletés sont comme un entraînement et nous demandent un effort, alors que les trois dernières sont comme un jeu du fait de la maîtrise acquise aux trois premiers niveaux. Plus nous pratiquons intensivement, plus les fruits de la pratique apparaissent rapidement.